lundi 29 décembre 2014

Y'a-t-il une morale laïque ?

Non, bien sûr.

La notion de morale laïque, remise à l'ordre du jour par le ministère de l'Education nationale, n'a aucun sens, comme l'a souligné depuis longtemps Simone Weil : 

« Depuis deux ou trois siècles on croit à la fois que la force est maîtresse unique de tous les phénomènes de la nature, et que les hommes peuvent et doivent fonder sur la justice, reconnue au moyen de la raison, leurs relations mutuelles. C’est une absurdité criante. Il n’est pas concevable que tout dans l’univers soit absolument soumis à l’empire de la force et que l’homme puisse y être soustrait, alors qu’il est fait de chair et de sang et que sa pensée vagabonde au gré des impressions sensibles.
Il n’y a qu’un choix à faire. Ou il faut apercevoir à l’œuvre dans l’univers, à côté de la force, un principe autre qu’elle, ou il faut reconnaître la force comme maîtresse unique et souveraine des relations humaines aussi. 
(...)

« La force (...) est un mécanisme aveugle dont sortent au hasard, indifféremment, les effets justes ou injustes, mais par le jeu des probabilités, presque toujours injustes. (...)
Si la force est absolument souveraine, la justice est absolument irréelle. Mais elle ne l’est pas. Elle est réelle au fond du cœur des hommes. La structure du cœur humain est une réalité parmi les réalités de cet univers, au même titre que la trajectoire d’un astre
. » 
(Simone Weil, L'Enracinement, citée ici).

La morale laïque, au sens où l'entendent Mme Vallaud-Belkacem et ses inspirateurs, signifie la morale déconnectée de toute référence surnaturelle, donc reposant uniquement (à moins qu'il n'existe une source cachée qu'on aurait omis de nous signaler) sur le matérialisme athée. 

Or le matérialisme ne peut inspirer aucune morale. Il sera difficile d'enseigner aux élèves le darwinisme et la loi du plus fort en sciences naturelles de 9H à 11 H, pour ensuite essayer de leur demander d'être gentils et de partager avec leurs camarades en cours de morale de 11H à midi (surtout à l'approche du repas).

La morale laïque n'est qu'une parodie de la morale catholique, qui n'est elle-même qu'un sous-produit de la vraie religion, laquelle suppose d'établir un contact avec Dieu pour distinguer le bien du mal.

Mais il est vrai que l'Eglise catholique semble avoir renoncé elle-même à faire autre chose que diffuser une simple morale mondaine à l'attention des incroyants qui peuplent ses travées. Il m'a été pénible d'assister à une messe selon le rite ordinaire le soir de Noël, étant habitué depuis quelques temps à la pureté du rite tridentin. La nombreuse assistance a dû subir les imprécations de laïcs qui lançaient ce qui leur passait par la tête et qui leur semblait relever d'une morale moderne : "débarrassez-vous de vos préjugés", "soyez vous-mêmes", disaient-ils, sans qu'on sache bien si ces phrases profondes venaient d'Isaïe ou de saint Paul.

Pendant ce temps, le tabernacle était relégué au fond à droite de l'église et les hosties maltraitées, montrant clairement que ni les prêtres ni les laïcs ne portent aucun respect à Dieu. Pour eux la messe n'était qu'un rassemblement mondain où ils essayaient de faire passer leur camelote de contrebande, semblable en tous points à l'esprit du temps. 

Or ce qui ne vient pas du Ciel (c'est-à -dire des Écritures, de la Tradition ou de l'Esprit saint) vient du monde, donc du Prince de ce monde. La morale déconnectée de toute transcendance ne peut être que satanique.

La morale sans Dieu, quelle qu'elle soit, n'est que ruine de l'âme.

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