vendredi 27 juillet 2012

Rock against the bunker

C'était un soir de printemps, chaud, quelque part sur une avenue, entre deux stations de métro et entre deux tours d'une élection présidentielle.

Je passe en vélo, tranquille, quand je suis heurté par une nappe de son qui sort du troquet sur la gauche.

J'accroche le biclou au premier poteau venu et je m'approche du rade, limite méfiant. C'était du rock'n roll.

L'assistance était encore un peu somnolente, mais le groupe envoyait du steak haché binaire, genre à l'ancienne, cousu main. Le chanteur occupait tout l'espace à lui tout seul, faut dire que c'était pas bien grand, mais quand même, avec sa grande gueule de Chuck Berry kabyle il vous aurait bouffé Bercy.

A force de rameuter les troupes, voilà que ça s'agite en salle, même les piliers de comptoir attrapent la bougeotte. Et puis il y a des groupies, belles comme des camions, venues s'éclater comme des gamines.

En voilà une qui devient la princesse de la soirée, elle oublie les années et les kilos en trop et se trémousse, dédaignant le black un peu bourré qui lui tourne autour, cherchant l'ouverture, depuis trois siècles qu'il était assis au comptoir, il se dit que c'est le moment où jamais.


Maintenant tout le rade est en feu, ça balance du trois-accords, le guitariste se prend pour Jimi et joue dans le dos, au dessus de la tête, pulvérise des solos frénétiques sur le public déchaîné.

La bière coule à flot pour calmer la fournaise. "Nous on est là pour réchauffer l'ambiance ", nous sort le chanteur, hilare, avant de faire tourner le chapeau.

Dimanche dernier, la Le Pen avait fait pas loin de 18 %.

Ce soir-là on en avait rien à foutre.

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